Il
s'assiéra près de moi, il posera son bras sur mes épaules.
-
C'est fini maintenant, dira-t-il, c'est fini.
Je me jetterai
à plat ventre sur le lit, la tête enfouie dans le coussin
rouge.
-
La vie est moche, moche, moche...
Il
me prendra les jambes, il m'allongera toute entière sur le dos.
Assis tout contre moi, il me caressera le front.
-
Pourquoi es-tu revenu ?
Il
m'embrassera sur le front, sur les tempes.
-
Pourquoi est-ce que tu t'acharnes comme ça sur moi ? Pourquoi est-ce
que c'est sur moi que tu t'acharnes ?
-
C'est fini, tout ça, c'est fini, maintenant tu vas être heureuse.
-
Je l'ai été, heureuse, avec toi, à quoi ça
m'a servi ?
Il
me regardera, je fermerai les yeux, il m'embrassera sur les paupières.
-
Tu as été heureuse ?
Ses
lèvres chaudes le long de ma joue, dans mon cou, je détournerai
la tête et j'essaierai de me redresser, je retomberai, haletante,
accrochant mes mains à sa nuque, attirant vers moi son visage et
criant :
-
Va-t-en !
Ses
yeux ne quitteront pas les miens, il s'allongera sur moi, il passera son
bras sous ma taille, sa bouche soudain prendra ma bouche, je m'agripperai
à lui, à ses épaules, à son grand corps, je
donnerai des reins dans son ventre lourd, noueux, brûlant, d'un
côté, de l'autre, à n'en plus pouvoir, je cesserai
brusquement, je me détendrai, nos bouches plus béantes,
plus humides, nos souffles plus forts, ma main descendra vers sa joue
et glissera lentement, mes doigts posés sur sa paupière,
avec douceur, je sentirai le globe de son oeil sous mes doigts, d'un coup
je les enfoncerai, il criera, soulevé sur son coude, alors poussant
de toutes mes forces, à deux mains je le rejetterai, de toute sa
masse à la renverse il culbutera au bas du lit, je serai debout,
j'empoignerai le couteau sur la table et m'agenouillant, fixant des yeux
son cou, cette ombre douce au-dessous de sa bouche rouge, en hurlant je
lèverai mon couteau
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