et parfois flotter, caressante, et quand soudain elle ne

bouge plus, quand ma jambe vient buter contre son flanc,

 

 

je reste immobile, attentif au frémissement de son corps,

en bas, qui respire, autant qu'au bruit qui nous menace,

 

 

jusqu'à l'instant où sur mon pied je sens sa patte, une

légère pression, le signal: allons, puis elle me quitte

 

 

et nous allons, dans les rumeurs, les grondements,

les fracas, les clameurs, les éclats de voix et les murmures,

 

 

nous allons notre même chemin, dormant, rêvant en-

semble, et parfois la nuit elle s'éveille et dans le silence elle aboie,

 

 

elle se tait tout à coup, elle tremble, et je sais que

l'instant terrible est arrivé, elle et la mort sont face à face,

 

 

elle et la mort, c'est brusquement le corps à corps, je

l'entends haleter, gémir comme une enfant, et que faire, et que dire,

 

 

puis sous ma main, ce dernier tressaillement, ce calme

enfin, c'est elle, poisseuse de sueur, toute chaude encore,

 
 

vivante, elle sans qui mourrait l'univers, sans qui je ne

serais que nuit par la nuit, coeur vide, pantin du temps,

 

 

elle, à travers tout, grâce à qui tout peut nous

comprendre, immortelle, elle qui voit et moi que j'imagine.














extrait de RECUIAM © maurice regnaut



http://www.maurice-regnaut.com