et parfois flotter, caressante, et quand soudain elle ne |
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bouge plus, quand ma jambe vient buter contre son flanc, |
je reste immobile, attentif au frémissement de son corps, |
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en bas, qui respire, autant qu'au bruit qui nous menace, |
jusqu'à l'instant où sur mon pied je sens sa patte, une |
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légère pression, le signal: allons, puis elle me quitte |
et nous allons, dans les rumeurs, les grondements, |
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les fracas, les clameurs, les éclats de voix et les murmures, |
nous allons notre même chemin, dormant, rêvant en- |
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semble, et parfois la nuit elle s'éveille et dans le silence elle aboie, |
elle se tait tout à coup, elle tremble, et je sais que |
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l'instant terrible est arrivé, elle et la mort sont face à face, |
elle et la mort, c'est brusquement le corps à corps, je |
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l'entends haleter, gémir comme une enfant, et que faire, et que dire, |
puis sous ma main, ce dernier tressaillement, ce calme |
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enfin, c'est elle, poisseuse de sueur, toute chaude encore, |
vivante, elle sans qui mourrait l'univers, sans qui je ne |
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serais que nuit par la nuit, coeur vide, pantin du temps, |
elle, à travers tout, grâce à qui tout peut nous |
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comprendre, immortelle, elle qui voit et moi que j'imagine. |