Je me souviens, le soir où son commerce, à Sim, son import-export, comme il disait en clignant de l'oeil, je lui ai demandé ce que c'était, au juste, il achetait quoi, il vendait quoi, qu'il me fasse voir, je me souviens que c'est là qu'il m'a raconté son histoire de jeans. C'était des jeans, des dizaines, des centaines de mille, un pays les achète pour les revendre à un deuxième et le deuxième les revend à un troisième et le troisième à un quatrième et ainsi de suite et puis un jour, y a quelqu'un qui déballe les colis, qui voulait voir, les jeans avaient qu'une jambe : "mais on peut pas les mettre, vos jeans", l'autre alors lui répond : "c'est pas des jeans pour mettre, c'est des jeans pour acheter et vendre". J'ai pas ri et lui, c'est là, d'un seul coup, pour la première fois, c'est là qu'il est devenu tout triste, il avait dû déjà tout comprendre. |
Extrait LE DERNIER MOT © Maurice Regnaut