Qand son besoin fit que le dieu passa en lui,
la peur presque le prit de trouver aussi beau
le cygne ; il s'y laissa tout troublé disparaître.
Mais sa ruse déjà le poussait à l'action
avant de s'assurer des sentiments d'un être
non mis encore à cette épreuve. Et toute ouverte,
elle, reconnaissant qui venait dans le cygne,
elle savait déjà : il voulait une chose
que dans son trouble à faire effort pour résister
elle ne pouvait plus soustraire. Il descendit
et le cou à travers la main toujours plus faible,
le dieu s'abandonna dans celle qu'il aimait.
Ce n'est qu'alors qu'il fut heureux de son plumage
et ce n'est qu'en ce sein qu'il devint vraiment cygne.
traduction Maurice Regnaut
in
Rainer Maria Rilke
Oeuvres poétiques et théâtrales
Pléiade, ed. Gallimard, 1997, p.420
© Gallimard
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