quant a l'infini

 

Ah tant qu'on vit on vit éternellement
Clarice Lispector


L'infini, ce n'est pas ce qui n'a pas de fin, c'est ce qui n'en a pas encore. Evidence ? Encore faut-il ainsi la formuler : ce qui a une fin, ce qui est fini, c'est ce qui est perçu, ou perceptible, de l'extérieur - ce qui est perçu, ou perceptible, de l'intérieur, c'est ce qui n'a pas encore de fin, c'est ce qui est infini. Tout en somme, être ou chose, est à la fois infini et fini, fini s'il est perçu de l'extérieur, infini si de l'intérieur. La référence (il s'agit non de connaissance, ici, mais d'expérience), elle sera l'horizon de l'enfant, monde pour lui qui est le monde même et monde perçu de l'intérieur, autrement dit monde infini. Ce statut de l'enfant, c'est le statut en fait qu'on dira normal, le statut généralement humain, celui quotidiennement de tout un chacun dans son propre monde : est-il soudain conscient d'être là en ce monde et perçoit-il soudain cet horizon qui est le sien, cette perception, si rien ne vient lui faire obstacle, est perception alors de l'intérieur, cet horizon est donc alors pour lui l'infini même. Et le paradoxe en effet est là : l'infini n'est pas au-delà du fini, mais en deça - l'infini n'est pas extériorité du fini, mais intériorité - et qui dit conscience d'infini dit conscience en fait intérieure au fini, conscience du fini englobant.

Ce qui vaut pour l'espace est valable également pour le temps : le temps perçu de l'extérieur, ou perceptible, est temps fini - le temps perçu de l'intérieur, ou perceptible, est infini, est éternel. Toute durée humaine est à la fois infinie et finie, est à la fois éternité et temps : temps si perçu de l'extérieur, éternité de l'intérieur. La référence également sera la durée ici de l'enfant, laquelle uniquement, sauf expérience précoce de la mort, sauf deuil par exemple prématuré, laquelle est durée intérieurement perçue : ainsi l'enfant vit dans l'éternité. Ce statut, c'est aussi, pour tout un chacun, celui qu'on dira également normal : l'être humain soudainement est-il conscient du temps qu'il est, conscient de sa propre durée, une telle conscience, à supposer que rien ne vienne lui faire obstacle, est alors conscience intérieure, est conscience alors d'éternel. Paradoxe également : l'éternité n'est pas au-delà, pas extériorité du temps, mais elle est intériorité - être conscience d'éternité, c'est être conscience intérieure au temps, conscience de durée englobante.

Etre à l'intérieur de l'espace fini, être de même à l'intérieur du temps, telle est, on le sait, la finitude humaine - et finalement le paradoxe est que perçu de l'intérieur, voilà le fini lui-même infini, le temps lui-même éternité : la finitude, est-elle conscience d'elle-même intérieurement qu'elle ne peut en effet qu'être conscience alors d'infinitude. (1)



Espace infini, durée éternelle, à cette infinitude il y a éventualité que soit fait obstacle, éventualité conséquente à deux faits. Le premier, externe, est qu'à cet instant pour moi l'autre existe.

Que survienne ainsi l'autre, il est, lui le semblable à moi, celui que je perçois de l'extérieur, celui autrement dit qui m'apparaît comme finitude, et me voici du même coup finitude aussi, moi, le semblable à lui. L'autre, a-t-on dit, me vole le monde : en vérité ce qu'il interdit ainsi, à l'instant même, à mon premier regard, ce qu'il fait disparaître en m'apparaissant, c'est mon infini, c'est mon éternité. Ce risque essentiel qu'est l'autre pour moi, l'enfant lui-même le vit déjà, lui pour qui les autres, en fait, sont tous ceux qui ne sont pas toujours avec lui, ceux qui sont toujours à s'en aller où, et d'où s'en revenir, ceux dont pas un seul n'est vraiment d'ici, de cet horizon, de ce monde, ils sont tous de là-bas, tous au fond sont des étrangers, c'est quoi alors, se demande l'enfant, c'est quoi, pour eux, ce monde ici, ce monde où lui, ce n'est donc pas le monde même ? Eux pourtant, eux, hommes, femmes, eux partout, ne leur advient-il pas de voir encore, en fait, de voir aussi comme voit l'enfant ? Tous n'ont de cesse, allant, venant, tous affairés, tous absorbés, tous entièrement qu'ils sont, tous, à ce qu'ils ont à faire en leur monde - et soudain pourtant, un, n'importe quel, en voici un qui se retrouve en effet, soudain, conscience d'être en ce monde, et tous alors, autour de lui, les voici tous devenus soudain des autres, à l'instant même, étrangers pour lui et même plus encore : ou bien c'est lui ou bien c'est eux, ou bien en effet c'est cette conscience en lui qui pourrait être alors sans eux d'infinitude ou bien tous ceux qu'il voit alors, tous ces êtres finis auxquels il est semblable, ils sont tous de trop, tous, et ce qu'il aurait fallu, afin qu'à l'instant même il n'y ait pas ainsi échec inéluctable, infinitude ainsi à l'instant même interdite, oui, ce qu'il faudrait toujours, c'est que tous alors, tous, soudain n'existent plus. N'y a-t-il pas tout de même un recours, contre eux, contre les autres, contre tous, n'y a-t-il pas tout simplement la solitude ? En elle est plus rare en effet le risque, il n'en devient que plus cruel : loin, très loin, dans ce paysage où le solitaire est conscience pleinement de pure infinitude, il suffit soudain qu'un autre apparaisse et moi, soudain, me voici comme lui cet être fini, lui, là-bas, un point presque, une pointe cependant de quelle infaillible ironie. Etre conscient vraiment que l'autre existe, autrement dit être conscient qu'il est mortel, c'est être aussi conscient d'être semblablement mortel soi-même.

Le deuxième, interne, est de m'imaginer à cet instant ma propre inexistence.





Dire ainsi que l'espace infini est intériorité de l'espace fini, serait-ce dire alors que pour moi, comme pour tout un chacun, comme pour l'enfant déjà, la conscience d'infini n'est que conscience, en tout et pour tout, de cet horizon-ci ? Horizon il y a, c'est un fait, mais pour moi, comme pour tout un chacun, au-delà de l'horizon il y a tout un monde, au-delà duquel un autre encore, au-delà jusqu'où ? Mouvement, ce qu'il y a en fait, c'est mouvement toujours intérieur, mouvement à travers le perçu, mouvement qui va au perceptible, à travers le perceptible à l'imaginable, et même à l'inimaginable même, et mouvement ainsi qui va, dit-on, à l'infini, autrement dit à l'englobant de tout englobant possible, à l'englobant donc absolu - et ce mouvement n'est rien d'autre en effet que mouvement même d'imaginer, le perçu n'étant que cet horizon par lequel ce mouvement commence : agent d'infinitude, oui, telle est l'imagination, et tel est le perçu, médium d'infinitude. A dire vrai, ce médium est-il nécessaire ? A présent c'est la nuit, c'est partout le ciel étoilé, l'immensité vide où rien tellement loin n'est plus que perceptible à peine, et l'inimaginable même est là, immédiatement avec la nuit c'est l'infini, mais cette conscience ainsi, sans mise en mouvement d'imagination, n'est conscience d'infini que machinalement, en fait, que faussement : le médium disparu, c'est la nécessité, c'est même la possibilité d'imaginer qui a disparu avec lui - et l'infini que le plein jour, que l'englobant visible, lui, peut devenir, s'il est moins immédiat, moins machinal que l'infini nocturne, il est aussi infiniment plus sûr. Sans imagination d'espace il n'y a rien qui puisse être, en un sens, médium englobant, l'horizon sans elle est tout simplement l'horizon, mais sans médium, en l'autre sens, il ne peut y avoir effective imagination : plus l'horizon, plus le perçu enserre et plus le mouvement d'infini requiert intensité, fermeté, puissance - et même un mur, on le sait, peut alors devenir médium d'infini.

Dire ainsi que l'éternité est intériorité du temps, du temps présent, du temps englobant ce temps présent, du temps englobant tout temps, du temps absolu, c'est dire que pour moi, que pour tout un chacun est possible, est facile aussi d'en être conscience immédiate et c'est dire en fait, cette immédiate éternité, qu'elle est en effet pareille à la nuit, pareillement précaire : à l'instant, là, cette nuit du temps, cette inimaginable immensité vide est trop machinale, elle aussi, trop fausse. Où donc est alors ce qu'il faudrait pour qu'imaginer l'éternel soit plus sûr, plus intense, où est, autrement dit, le médium nécessaire ? Avant tout autre il est, dira Léopardi, il est dans l'entendu : le médium d'éternel, dit-il, c'est le son, la voix, le chant, la musique, et qui pourrait en vérité aller là-contre ? Un simple accord, parfois, audible à peine, et voici tout un autre temps, paroles, images, êtres, événements, tout à moi dès lors se propose, et de nom en nom, d'histoire en histoire, en moi le temps fait suite au temps, comme l'horizon fait place au monde et le monde à l'imaginable - et tous ces temps que d'autres ont pu vivre, et tous, joie et souffrance, à leur façon, ces temps en moi ont beau n'être et de plus en plus qu'un seul, qu'un même toujours, qu'un même jamais, qu'un temps pour moi de plus en plus irrésolu, confus, perdu, sourd unisson que je n'entends qu'à peine encore, il reste néanmoins, cet inimaginable, il est en fait et jusqu'au bout temps imaginé, éternité vraie. Ainsi pour le temps, comme il le fallait pour l'espace, il faut l'un et l'autre, agent et médium, l'un n'étant rien sans l'autre - ainsi pas d'éternel vraiment, de temps vraiment imaginaire autrement dit, sans qu'il y ait eu, pour que l'éternité commence, un entendu, chanson au loin, propos souvenus, profond murmure en moi : l'imagination du temps plus d'une fois est involontaire et peut-être en est-elle plus aléatoire, elle requiert moins de fermeté pourtant que celle de l'espace, entraînée en elle-même en effet par ce déjà innombrable vécu qu'est le temps présent, par cet humainement tellement plein déjà qu'elle ne peut pas ne pas d'elle-même imaginer, ne pas se poursuivre d'elle-même - et toute indistincte, et toute menacée, elle aussi, et toute précaire en fait qu'elle puisse devenir, cette plénitude est si incitative en vérité qu'il est rare en effet que l'imagination du temps ne vienne pas se joindre à celle de l'espace, et rare, autrement dit, qu'imaginer ne soit pas double, il semble même presque fatal qu'au mouvement intérieur à l'espace aille aussitôt s'apparier ce mouvement intérieur au temps, compagnon précieux dont la fidélité se fait au loin longtemps entendre, imaginaires séquences de vie, et l'infini ainsi se peuple d'éternel. (2)

Espace et temps, si l'un donc est pour l'oeil, pour l'oreille est l'autre : imaginairement l'infini se regarde, imaginairement l'éternité s'écoute - et qui plus purement l'aura formulé, plus profondément, que Léopardi ?

L'INFINI

Cher m'a toujours été ce coteau désert,
et ce hallier vert qui sur tant de côtés
interdit au regard l'ultime horizon.
Mais assis et l'oeil grand ouvert, j'imagine,
moi, au-delà de ce hallier des espaces
sans limite, et des silences surhumains,
et plus que profonde une paix; pour un peu
le coeur prendrait peur. Et comme alors j'entends
le vent bruire au travers de cette verdure,
cet infini silence, à cette voix, moi,
je le confronte : et me revient l'éternel,
et les saisons, les mortes, et la présente,
la vivante, et le son qu'est le sien. Ainsi
se noie en cette immensité ma pensée :
et de naufrager m'est doux dans cette mer.

Ce qui est dit ici (c'est, faut-il le rappeler, c'est de pure expérience, on dira aussi de "sentiment pur", qu'il s'agit ici, et non de connaissance), ici ce qui est dit, c'est fondamentalement bien sûr la solitude - et c'est tout de suite, horizon proche au lieu du loin, ce rideau de verdure à travers lequel est requise l'imagination, de lointain silence en silence plus lointain encore, intensité presque même téméraire - et c'est dans cette verdure alors ce vent, ce murmure à travers lequel, à ce silence infini de l'espace, imaginairement va se confronter, va s'apparier le bruit du temps, la secrètement sonore éternité humaine - et le miracle donc, c'est qu'en effet l'imagination trouve ainsi tout ensemble et médium d'infini et médium d'éternel dans cette verdure une et double à la fois, feuillage pour l'oeil, bruissement pour l'oreille : aussi qu'un tel lieu soit cher entre tous, pour le poète, et depuis toujours, quoi d'étrange, un lieu tel que le plus simplement, le plus naturellement du monde, une humble frondaison toujours suffise au solitaire, là-haut, pour qu'infini, pour qu'éternel, pour qu'ensemble tout soit possible ? Et ce qui alors est douceur, c'est de n'être plus que mouvement, qu'imaginairement submersion immense au sein de l'immense intériorité du fini un et double, espace et temps, c'est purement, c'est pleinement, autrement dit, d'être absolue infinitude.





Infinitude en sa double unité, présence à soi-même absolue, il n'y a pas, de ce mode d'être usuellement dénommé romantique, il n'y aura peut-être plus de version poétique aussi simple, aussi profonde, aussi rigoureuse à la fois que celle du poète italien : ce romantisme est mode d'être aujourd'hui pour l'essentiel anachronique et l'exemplaire assentiment de ce poète, il y aura deux siècles bientôt, n'est plus ainsi que témoignage exemplaire aujourd'hui de l'universellement, du définitivement révolu. La grande concentration urbaine, existence à mille et millions, sans discontinuer et partout aujourd'hui triomphe : en ce monde où quotidiennement conscience il faut et conscience il suffit de ce qui peut et qui doit pour vivre être fait, quand l'instant en ce monde adviendrait soudain, l'initial instant de la conscience d'être, il ne serait, il ne pourrait être en fait que conscience alors du fini et du fini seul (l'exceptionnel ici ne sera pas pris en compte), en ce monde où prendre conscience de soi, c'est se retrouver, sans discontinuer et partout, tel que tout un chacun existe, un entre tous, tous existant de la même existence, eux comme moi, moi comme eux, êtres tout extérieurs, tous tant que nous sommes, êtres finis et rien de plus, rien. Quelle autre conscience attendre en effet, là, en un tel monde, à travers quoi, de tout ce qui là est vu, là entendu, quel médium s'approprier là de quelle infinitude ? Ainsi et paradoxalement cette innombrable solitude moderne, elle n'est que nostalgie au fond de solitude, et nostalgie irrépressible autant que vaine, elle n'est en vérité, pour l'énorme plupart, qu'impossibilité de jamais être seul, d'être jamais autrement dit purement et pleinement conscience d'être - et le seul remède en effet est dans le mal lui-même : il est d'aller jusqu'à faire alors que cette impossibilité soit enfin sans recours, soit totalement enfin ce qu'aujourd'hui elle est déjà, en ce monde, inconscience en fait qu'un être se puisse autre que fini, inconscience absolue, autrement dit oubli. (3) Or, si la vérité de l'être infini est, comme on sait, le dieu, celle de l'être fini est le cadavre : essentiellement mortel, l'homme aujourd'hui, tous entre tous, millions entre millions, l'homme l'est, mortel, sans plus pouvoir en être pure et pleine conscience intérieurement, sans plus pouvoir de l'intérieur s'imaginer sa finitude infiniment, sans plus pouvoir être jamais divine douceur d'immensément se perdre en soi - l'homme n'est aujourd'hui que de l'extérieur cet être fini, l'homme aujourd'hui n'est en vérité que cadavre et cadavre innombrablement. Certes, innombrablement aussi parviennent les nouvelles, à chaque instant et de partout, les nouvelles des vivants en vie, et voilà qui réjouit et qui rassure, apparemment, mais tous le savent, en fait, c'est à tous l'évidence, oui, la vérité de ce monde moderne est la mort, la vie autrement dit perceptible et perçue ainsi du seul extérieur, la vie ainsi sans intériorité : tel est ce monde où médium, plus rien ne peut l'être, où plus rien n'est plus que ce qu'il est et rien d'autre, où l'arbre à l'horizon n'est plus à l'horizon que l'arbre et le murmure du vent que le vent qui murmure - et telle est cette humanité pour qui dorénavant s'imaginer elle-même est impossible, humanité dorénavant sans infini, sans éternel, humanité qui sait enfin qu'elle n'est rien que mortelle.




1 - Essentiel, sans doute est-ce là une évidence, essentiel à l'homme est d'être ainsi entre expérience et connaissance, entre vivre et savoir. Qu'il n'a qu'un temps, que ce temps à lui ne sera de l'extérieur que temps fini, voilà ce que l'homme sait, mais intérieurement à ce temps, ce qu'il vit, c'est l'éternité. Il se sait temps fini, il se vit éternel. Il ne peut pas ne pas se savoir un temps qui prendra fin, il ne peut pas, ne se vivant évidemment qu'à l'intérieur de ce temps à lui, il ne peut pas, tant que ce temps n'a pas pris fin, il ne peut pas ne pas se vivre éternellement. S'il ne peut que se savoir mortel, il ne peut que se vivre éternel. Il n'y a pas d'éternité qui ne soit à l'intérieur d'un temps, qui ne soit en deça de lui. Qu'elle soit au-delà de ce temps signifie alors simplement qu'elle est en deça d'un temps autre (et celui-ci d'un autre encore et lui-même d'un autre et ceci à perpétuité). Si démesuré que soit le temps, si inépuisable, il n'y a de vie éternelle, il ne peut y en avoir qu'en deça du temps : toute vie autre à perpétuité ne serait à perpétuité que la même et l'homme ne vivrait en rien autrement que tel qu'il vit déjà. Tout au-delà est un autre en deça et tout en deça est la vie éternelle elle-même. retour

2 - Qui ne connaît de Léopardi LE SOIR DU JOUR DE FETE ? En ce poème aussi le son est médium d'éternel, médium ainsi de temps vécus et disparus. Médium, dira-t-on, qui est même ici médium de médium : la chanson entendue aujourd'hui finit par ne plus rappeler que l'originel, que le chant entendu jadis - deuil à la puissance deuil, désespoir puissance désespoir. retour

3 - Paradoxal est par là même aussi le statut du langage, aujourd'hui, en ce monde où la parole équivaut au silence, où le silence à la parole : en quoi parler aurait-il plus de sens en effet que se taire, en quoi se taire en aurait-il plus que parler, quand l'un et l'autre ont lieu sans qu'il y ait présence à soi, sans conscience d'être ? Aujourd'hui comme jamais (ne sera pas ici pris en compte, on le rappellera, l'exceptionnel), le langage ainsi n'est que bavardage et ce bavardage ainsi que mutisme. retour




© maurice regnaut



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