Erreur humaine (troisième appel)

- Oui, c'est Clarelle... Monsieur Maxime !... Clarelle, oui, je m'appelle Clarelle, je ne vous l'avais pas dit ?... De maman, de qui voulez-vous ? Pour trouver Clarelle, il n'y avait qu'elle... Monsieur Maxime ?... Vous êtes toujours là ?... Mais décidément ! Qu'est-ce que vous avez ? Dites-moi quelque chose... Un malheur, c'est ça, votre fils, non, ce n'est pas possible... Oh monsieur Maxime, vous m'avez fait peur... C'est mon nom, Clarelle, mon nom qui vous a fait un choc ?... Vous me raconterez un autre jour ?... Y renoncer ? Mais demandez tout ce que vous voulez ! Pouvoir faire quelque chose pour vous, cher monsieur Maxime... Vous êtes encore plus sombre, encore plus sauvage, aujourd'hui, et vous voudriez que je ne sois pas inquiète ?... Qu'est-ce que vous en savez, si ça n'a pas de sens ?... A plus forte raison, puisque vous n'avez qu'une minute, soyez simple... Et puis quoi, monsieur, vous avez appelé, alors dites-le, ce que vous voulez... Pouvoir continuer à me passer un coup de fil, de temps à autre, c'est ce que vous aimeriez, votre demande, c'est ça ?... Bien sûr que oui, monsieur Maxime, et de tout coeur, je ne m'y attendais guère, c'est tout, c'est comme un choc, pour moi, comme pour vous mon nom, tout à l'heure... C'est vous qui le dites. Qu'est-ce que je suis, moi, monsieur Maxime ? Une toute petite personne qui n'a pour elle que son tout petit bon sens... Et cette voix, ça, cette voix... Vivien vous attend, partez rassuré, cher monsieur Maxime, c'est d'accord, c'est mille fois d'accord. A partir du prochain appel... A sept heures je suis à la maison, sauf le lundi, le mardi et le jeudi, ces jours-là pas avant neuf heures. Ils ont compris tout de suite, à mon nouveau supermarché... Et donnez-moi vite des nouvelles de lui, des bonnes... A bientôt, cher monsieur Maxime... A très bientôt... Du calme, ma fille, du calme, tâte un peu ton coeur comme il bat. Ce n'est jamais qu'une histoire de plus qui t'arrive à cause de cette voix... Qu'est-ce que tu vas pouvoir lui dire ? La gaizière cassouilleuse, aucun doute, il faudra lui parler d'autre chose, à lui. Et ce que tu as à raconter, tu le sais bien, rien que ta naissance, il y en a qui ne le supportent pas, soit qu'ils n'ont rien du tout à dire, eux, soit, au contraire, qu'ils auraient au moins tout autant à dire et tellement plus intéressant. Le mieux, ce serait de se taire, avec les gens intelligents, sinon ils finissent par vous détester... Elle se terminera mal, cette histoire, jamais je n'aurais dû accepter. Quelque chose me dit en même temps, au fond de moi, que ça devait arriver, depuis toujours, que ce Maxime, depuis toujours il était là, dans ma vie... Ma fille, ma fille... Tu es comme si tu venais de recevoir un colis, en fait, un colis trop lourd, trop gros, trop beau sûrement, ou trop terrible, à l'intérieur, tu te dis qu'il y a erreur, que ça ne peut pas être pour toi, seulement voilà, ma fille, c'est ton nom qui est dessus, ton nom à toi, Clarelle, oui, Clarelle, c'est pour moi...